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Place et légitimité de l'enfant et de l'adolescent dans le transgénérationnel.

Quel que soit l’âge de mes patients, quelle que soit le besoin qui les amène à venir me consulter en transgénérationnel, la question de leur légitimité en tant qu’enfant, à énoncer leurs besoins, à poser des questions en vue d’une réponse pour appréhender le monde, à se sentir protégés, aimés, compris, est central dans leur reconstruction émotionnelle, affective et sociale.

Le sujet de la légitimité est étroitement lié à celui de la place. Si je me sens légitimé d’exister à hauteur d’enfant, si je me sens légitime en tant qu’enfant à demander à l’adulte qui fait d’autorité pour moi figure, d’assumer ses responsabilités d’adulte (cela veut dire que l’adulte lui-même est à sa place) et donc, de me transmettre tout je dont j’ai besoin pour me construire, je me sens légitimement à ma place d’enfant, dans ce foyer, avec le couple parental et dans ma fratrie. Je ne suis pas jugée ou rejetée parce que je suis différent de mon frère ou de ma sœur, ni parce que je ne corresponds pas à l’idéal que mes parents se sont faits de moi. Je suis accepté.e, aimé.e pour qui je suis, avec mes forces et mes failles, inconditionnellement. Je me sens à ma place sur terre, dans le monde.

Par contre, si l’adulte qui fait figure d’autorité pour moi me fait comprendre, autant par le verbal que par le non-verbal (très important lorsqu’on sait que 80% de la communication est non-verbale), que parler de mes besoins est stressant pour lui, que ça l’ennuie, qu’il refuse de les entendre ou les juge, alors la donne est très différente. Qui dit jugement dit humiliation, et donc honte. La honte touche l’identité, l’estime de soi, l’intégrité de l’être. Si j’ai honte de moi, comment me sentir légitime d’être qui je suis ? Comment me sentir légitimement à ma place ?

A cela peut s’ajouter la culpabilité puisque, dans une logique d’enfant, « je commets une faute en disant mon besoin, car je me fais gronder, je suis sanctionné ». L’enfant ne sent pas légitime d’avoir besoin de l’adulte, puisqu’il n’est pas autonome, pour combler ses besoins. Il se sent coupable de ne pas être, assez autonome, assez débrouillard, assez grand, assez…Alors, se sentir à sa place, impossible, cette notion est tronquée.

Ce sujet de rejoue à l’adolescence, car si on ne se sent pas à sa place en tant qu’enfant dans un foyer, cela s’accentue à l’adolescence, période où l’on se détache du cocon familial pour aller dans le monde. Si le socle de base est bancal dans une construction d’enfant, l’adolescent qui a besoin, et à la fois de s’émanciper, de socialiser, d’affirmer son identité, et de se sentir inclus dans sa famille originelle. Dans un scénario d’emprise, où les parents son omnipotents, croient avoir droit de vie ou de mort sur leur enfant, l’adolescence, période où l’individu devient un « sujet », un être qui s’individualise pour devenir acteur de sa vie, c’est intolérable. Il ou elle leur échappe. J’entend souvent des patients me dire « quand j’étais petite, que je correspondais à la petite fille modèle, tout allait bien. Par contre, à l’adolescence, ma mère a commencé à me faire des reproches, à être même méchante, parce qu’exprimais ce que je voulais ».

Un travail thérapeutique en transgénérationnel, où tout peut être déposé, permet de prendre du recul face à ces blessures d’enfant, pour retrouver cette légitimité, qui ne fait aucun doute !